BIENVENUE VOYAGEUR

Les lignes qui suivront sont celles "artisan-honnête-homme" qui parcourt, aussi souvent dans ses rêves que dans la réalité, un chemin de vieilles pierres, de planches et rideaux de théâtre, d'éclats et de velours de voix.

mardi 29 avril 2008

All'armi, all'armi!

Bonjour lecteur,

Hier, alerté par une chanteuse de mes amis, j'ai découvert un vibrant appel à la refondation de troupes de chanteurs lyriques dans les théâtres lyriques de France et de Navare, co-signé par trois astres du panthéon lyrique national. Cette plaidoirie circonstanciée m'a touchée car j'ai moi-même, par trois fois, appartenu à cette famille (Comédie-Française, TMA d'Angers, Opéra de Nice).
Or, s'il n'est rien de "pire" que la vie de famille, c'est pourtant le cadre naturel de l'épanouissement du genre humain, et un chanteur, même lyrique, reste un être humain!

dimanche 27 avril 2008

DIX-HUIT ANS DE CARRIERE

Une carrière majeure?

Assurément!


Elle n'a peut-être pas – (encore?) - marqué le Monde, ni même l'Art-lyrique, mais après dix-huit années de présence professionnelle sans discontinuation, elle l'est de fait...

Certes, à l'aune de quelques uns de mes collègues, c'est encore bien peu, je l'avoue, mais assez cependant pour esquisser quelques réflexions, quelques sentiments, un curieux besoin de se raconter des histoires, peut-être son histoire.


Pourquoi tout cela?

Pourquoi tant de labeur, de contraintes, d'angoisses, d'attentes, d'adieux?

Pour quelques instants de triomphe (sur soi d'abord!), pour des années de plaisirs dans le travail solitaire grâce à la puissance de l'imaginaire, pour des mois de surprises dans la confrontation aux autres, pour des semaines de contemplations dans la découverte d'autres latitudes, d'autres lieux, d'autres architectures.

Ce métier, qui si longtemps avant son exercice, possède littéralement l'esprit de celui qui y aspire, laisse ensuite quand on l'exerce, de curieuses et nécessaires plages de vide tant propices au seul vrai luxe de notre époque : ne rien faire!

Laisser faire.
Etrange constat, le premier d'une série qui surprendra peut-être.


En effet, comment en suis-je venu, adolescent, à cette quasi addiction, ensuite à commencer d'apprendre à chanter, puis à approcher, tenter et réussir l'intégration de ce microcosme anachronique : le monde de l'Opéra.


Peut-on parler, ou même définir un « tempérament lyrique »?

Cette propension à l'exaltation de l'Etre, à l'embrasement des déchirures ouvertes par l'Impossible, et par la Finitude, à la véhémence et à l'ivresse dans la Joie et dans la Douleur; et cet engouement nostalgique aux parfums de l'Histoire, sont certainement le fonds de ce « tempérament lyrique », indispensable.Cette absolue générosité qui trouve le chemin de l'autre par la projection de la voix et de l'affect, et cet égoïsme absolu que nécessite le contrôle de cette même projection, voilà le second paradoxe de cette confession improvisée. Roberto A. parlait l'autre jour de « l'Acte d'Amour » qu'est l'acte de chanter sur une scène, pour un public. Mais n'est-ce pas aussi, et même plutôt, l'absolue et déraisonnable nécessité d'exhiber sa soif d'amour?

« Acte d'Amour » donc, mais moins don que reconnaissance!

Et que penser de ce public, qui vient voir et écouter ces « malades d'amour » que nous sommes, à qui l'on extorque des cris enamourés d'admiration (quand ça marche!) ou ces plaintes stridulantes d'amoureux déçus (lorsque cela déraille!), alors qu'ils ont payé si cher leurs places pour jouir du don de « l'Acte d'Amour » de leur interprètes favoris!

Marché de dupes ou magnifique et insondable miroir de l'Illusion?